Fondée officiellement le 1er juillet 1867, cette nation se percevait comme dépourvue de toute culture avant l’arrivée des colons français et britanniques. Elle vendait alors ce qu’elle avait sous la main : ses lacs et ses forêts. Cependant, depuis que les Canadiens commencent à prendre conscience de leur histoire coloniale et des traumatismes infligés aux peuples autochtones qui habitaient le territoire bien avant eux, l’industrie du tourisme s’est mis à changer. Les voyageurs sont aujourd’hui invités à s’immerger dans des cultures que le pays a longtemps choisi d’ignorer : celles des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Une industrie du tourisme en pleine transformation
Jusqu’à récemment, le Canada avait basé sa stratégie pour attirer des touristes du monde entier sur la seule carte qu’il croyait posséder : la nature. Fort de ses vastes étendues territoriales, le pays, deuxième plus grand après la Russie, mettait en avant ses 47 parcs nationaux et ses milliers de kilomètres de sentiers à parcourir en baskets ou en raquettes.
En septembre dernier, Destination Canada, une société publique qui promeut le tourisme au sein du pays, a organisé un événement à Saskatoon. Plusieurs représentants des communautés autochtones étaient présents pour exprimer leur volonté de faire connaître leurs peuples et leurs traditions aux voyageurs.
“Partager notre culture est un moyen pour nous de reprendre en main notre histoire”, expliquait Matricia Bauer, fondatrice de “Warrior Women”, une association de femmes autochtones engagées dans la valorisation de leur héritage ancestral. Cette femme d’origine crie a été arrachée à sa famille pendant les années 1960 lors de l’opération de prélèvement des enfants réalisée par le gouvernement canadien dans le but de les assimiler. Elle a retrouvé sa propre culture à l’âge adulte.
Aujourd’hui installée dans le parc national de Jasper, situé au cœur des Rocheuses où plus de 20 millions de visiteurs affluent chaque année, Matricia Bauer accueille des touristes venus du monde entier auprès d’un feu de camp et d’un tambour afin de leur raconter l’histoire de son peuple et son lien unique avec la terre. “En voyageant au Canada, vous me rendez visite”, tente-t-elle d’expliquer.
Ce nouvel intérêt pour les cultures autochtones s’étend également au-delà des Rocheuses. De nombreux autres groupes et communautés cherchent désormais à partager leur histoire et leur savoir-faire avec les voyageurs venus de loin.
Vers un tourisme plus respectueux
Cette transformation de l’industrie du tourisme canadienne a pour principal objectif de mettre fin à des années d’appropriation culturelle et d’exclusion des peuples autochtones. En multipliant les initiatives pour faire connaître leur histoire, ces communautés espèrent ainsi contribuer à renforcer la diversité culturelle et l’inclusivité sociale au sein du pays tout en créant un tourisme plus respectueux et authentique.
Et il semble que le public ne demande qu’à en savoir davantage. D’après une étude réalisée par Destination Canada, près de 40 % des visiteurs internationaux s’intéressent aux expériences culturelles autochtones lorsqu’ils voyagent dans le pays. Il est important de répondre à cette demande sans tomber dans l’exploitation commerciale de ces cultures, mais plutôt en mettant l’accent sur la transmission de connaissances et le partage d’expériences enrichissantes.
Au-delà des simples attractions touristiques, faire découvrir les cultures autochtones permet également de créer des ponts entre différentes cultures et d’éveiller les consciences sur une histoire souvent méconnue ou occultée. Que ce soit à travers des visites guidées, des ateliers artistiques, des dégustations culinaires ou encore des séances d’initiation aux traditions autochtones, ce nouveau regard porté sur l’histoire du pays participe à la construction d’un avenir plus respectueux et inclusif pour l’ensemble de la population canadienne.